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Analyses de marchés

Incertitude géopolitique et marchés émergents. Xavier Hovasse et Raphaël Gallardo (Carmignac)

26
Jun
2024
Carmignac présentait au Pavillon Vendôme ses stratégies d’investissements suite aux derniers bouleversements économiques.

Ces impacts se ressentent particulièrement au sein des pays émergents. Quelles sont les opportunités d'investissement sur les marchés émergents ?

Avec Xavier Hovasse, Responsable de l'Équipe Actions Émergentes et Gérant, ainsi que Raphaël Gallardo, Chef économiste.

Raphaël Gallardo :

Les tensions géopolitiques vont impacter les marchés. D’abord en se posant la question, ce nouvel environnement, comment pouvons-nous le décrire ?

Nous le décrivons comme une seconde guerre froide qui va opposer les pays développés face à une alliance baroque entre la Chine, la Russie, l'Iran et quelques petits pays. C’est surtout que cette guerre froide signifie que toute la symbiose économique qui existait entre ces deux blocs va être détricotée petit à petit. Par exemple, la Chine a les chaînes de production qu’on va devoir remplacer. Cela va nous obliger à investir. Ça va créer de l'inflation. La Russie, qui possédait une très grosse partie des matières premières, il faut réorienter ces flux. Donc, ça crée aussi de l'inflation. L’inflation va donc être plus élevée et plus volatile. Mais il ne faut pas oublier aussi que la Chine participait également à des chaînes de financement des déficits jumeaux aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France par exemple. Donc la perte de l'épargne chinoise va aussi obliger à revoir ces chaînes de financement,  et ça se traduira par une hausse des taux d'intérêt réels. Sur les pays émergents, ce qui est intéressant, c'est que selon leurs avantages comparatifs, les pays émergents vont pouvoir se greffer à l'intérieur des interstices qui se créent quand les liens se défont entre les pays développés et des pays comme la Chine. Alors, ça dépendra de leurs avantages comparatifs, mais en fonction qu'ils soient exportateurs de matières premières, qu’ils puissent pourvoir de la main-d'œuvre bon marché pour faire tourner les usines, qu'ils aient une capacité d'épargne pour financer les déficits jumeaux de l'Ouest, ils vont être plutôt les grands gagnants. On pense notamment à l'Amérique latine, l'Indonésie, également l'Inde pour son grand marché domestique à croissance forte qui peut remplacer celui de la Chine.

Xavier Hovasse :

Les risques géopolitiques doivent être intégrés dans la gestion d'un fonds comme Carmignac Emergents.

Il y a plusieurs manières de le faire. D'abord, dans l'allocation pays, nous déployons moins de capitaux dans des pays qui sont mal positionnés, et nous allons déployer davantage de capitaux dans des pays déjà bien positionnés. Si nous prenons l'exemple de la Chine, qui est un peu perdante dans la nouvelle donne géopolitique, nous investissons un petit peu moins en Chine, nous couvrons la devise, mais surtout, dans le choix des valeurs, nous faisons très attention. Il y a des sociétés en Chine qui vont être ciblées par les Américains et dans lesquelles nous ne pourrons pas investir. Nous serons sans doute forcés de les vendre. Donc nous faisons très attention à ça. Et puis il y a des sociétés chinoises qui sont exportatrices, qui sont sur des secteurs ou des thèmes qui ne posent aucun problème et qui ne seront pas impactées, surtout si elles n'exportent pas aux États-Unis. Si elles exportent en Asie du Sud-Est ou en Europe. C'est pareil pour les pays qui sont vainqueurs, qui sont des gagnants dans la nouvelle donne géopolitique comme le Mexique ou l'Inde, nous restons sur des thématiques qui vont bénéficier directement de la géopolitique. Voilà, donc le choix des valeurs et le choix des pays. Nous avons fait le choix d'être article 9. Nous excluons les énergies fossiles par exemple et nous n'investissons que sur des thèmes porteurs qui répondent aux exigences des objectifs de développement durable des Nations Unies. Donc, ça nous permet d'avoir un panel de secteurs suffisant pour construire un portefeuille puisqu'il y a toute l'inclusion financière, la lutte contre la pauvreté, les énergies renouvelables, la santé, l'éducation, les infrastructures, la technologie. Il y a tout en fait. Nous pouvons construire un portefeuille. La seule difficulté, c'est que nous devons faire attention à ne pas avoir des biais trop prononcés. Quand vous êtes sur des thématiques porteuses à long terme, vous avez un biais croissance. Quand vous n'avez pas d'énergies fossiles, il faut faire attention parce que quand les prix des matières premières et du pétrole montent, vous êtes pénalisés. Donc nous utilisons des outils. L'allocation du capital tient compte de ces biais que nous pouvons neutraliser relativement facilement lorsque nous ne sommes pas à l'aise avec ces biais.

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